Original :
mardi 27 octobre 2015
2015_10_25 POTATOES : Les « nez »
reniflent les odeurs, un réseau étoffé de nez détecte et encode les odeurs. Le
but: objectiver le ressenti et pousser l’entreprise Clarebout à trouver des
solutions. Source Marie-France Philippo du journal l’Avenir.
Le Département de la Police et des Contrôles (DPC),
direction de Mons, a commandé une étude afin d’évaluer les odeurs émises par CL
Warneton. Une conséquence des nombreuses plaintes émises essentiellement par
les habitants de Warneton et de Deûlémont.
Pousser Clarebout à réduire les nuisances olfactives
Odométric, un bureau d’études établi à Arlon, met en
place un «réseau de nez». Mercredi soir, dans la salle de la justice de paix,
Julien Delva, l’administrateur délégué, a présenté les principes de l’étude devant
une bonne soixantaine de personnes. Olivier Dekyvere, directeur du DPC Mons et
Patrick Malingreau, de la Police de l’environnement ont apporté des précisions.
«Cette étude vient en complément du travail
d’évaluation des nuisances olfactives initié et confié à Olfascan, a expliqué
Olivier Dekyvere. Suite à des plaintes, des dépassements ont été constatés et
nous voulons objectiver les nuisances. En sorte, faire une photographie exacte
des odeurs. À la fin de l’étude, dans six mois, nous avertirons l’entreprise
et, si nécessaire, nous l’inviterons à réduire les nuisances. Un plan d’action
doit être mis en place dans les 30 jours, incluant un délai d’exécution des
travaux. Si, par la suite, des dépassements sont constatés, la justice entre en
jeu et les condamnations se montent à des dizaines de milliers d’euros. Les
aspects «constatations» et «sanctions» sont tout à fait séparés!»
L’étude s’étend sur une période de six mois, soit du
22 octobre 2015 au 21 avril 2016. Julien Delva a résumé la technique mise en
place.
Déterminer l’origine des odeurs
Premièrement, des mesures seront réalisées par
Odométric et Olfascan pour déterminer les distances de perception et les
origines des odeurs. Olfascan proposera des solutions. Deuxièmement, des
riverains constituent un réseau de nez. Quatre jours par semaine, matin et
soir, ils sont amenés à déterminer s’il y a ou non odeur et à tenter de la
caractériser. Troisièmement, en cas d’odeur forte ou gênante, les membres du
réseau peuvent en informer directement Odométric. Tout se fait via internet et
un code d’accès. Quatrièmement, des spécialistes qui œuvrent pour Odométric et
qui constituent un jury de nez peuvent intervenir pour mieux caractériser les
odeurs.
Toutes ces données seront ensuite analysées et reliées
aux conditions météorologiques. À la mi-enquête, en janvier, une premier
réunion-bilan sera organisée.
Les riverains se sont montrés très respectueux,
contents d’être enfin écoutés.
Des riverains disposés à collaborer, plutôt calme, la
réunion d’1h20, a été ponctuée par quelques interventions. Didier Soete s’est
inquiété de la neutralité de l’étude.
L’entreprise Clarebout ne va-t-elle pas «acheter les
résultats»? Réponse de Julien Delva: «Notre bureau d’études est agréé par la
Région wallonne, avec une nécessaire indépendance». Jean-Philippe Woestyn a
trouvé dommage que l’étude s’arrête avant l’été: «Quand la température
augmente, les cuves de décantation émettent des odeurs vraiment désagréables.»
Réponse: «Si nécessaire, l’étude se poursuivra. L’été, la station d’épuration
travaille davantage, mais la dispersion est meilleure. L’hiver, c’est
l’inverse.»
Pascal Bossue s’en est pris à Franky Deconinck,
responsable chez CL Warneton des relations avec les riverains: «Quand on lui
téléphone pour signaler des odeurs, il répond: prenez patience… Le dimanche, je
l’invite pour prendre l’apéro et constater la puanteur. Il ne vient jamais! À
quoi sert-il? Le matin, la première chose que je fais, c’est de regarder la
direction du vent. Quand il m’est favorable, je plains les autres!»
Même constat par Élisabeth Dumoulin: «On l’appelle à
18 h., Monsieur Deconinck arrive le lendemain matin, quand l’odeur a disparu.»
Et de renchérir: «Une dame de Deûlémont, qui travaille dans un laboratoire, se
plaint d’une odeur d’acide, qui proviendrait de l’eau de la Lys. L’entreprise y
rejetterait ses eaux usées industrielles.» Réponse d’Olivier Dekyvere: «Il faut
faire constater par la police de l’environnement. Ce fait n’entre pas dans
l’étude olfactive.»
Julien Delva, Olivier Dekyvere et Patrick Malingreau
ont apporté un éclairage scientifique et législatif.
Beaucoup plus de nez que prévu ! Alors qu’Odométric
était à la recherche de 15 à 30 nez, ce sont environ 80 personnes qui se sont
proposées, sachant que le comité de Deûlémont a fourni une liste d’une
trentaine de noms.
«J’ai trouvé la réunion très positive et assez
respectueuse. On sent bien qu’il y a un problème et qu’il faut chercher des
solutions. Même si le réseau sera important, je pense qu’il faut accepter tout
le monde, quitte à se séparer par la suite de ceux qui n’envoient pas
régulièrement les données. L’important est qu’il y ait une bonne répartition
spatiale.», précise Julien Delva, qui habite dans la région de Virton, mais est
originaire d’Haubourdin, près de Lille. «Ma famille y réside encore. Je me suis
souvent baladé à vélo le long de la Lys».
La présentation à peine terminée, les riverains se
sont précipités pour fournir leurs coordonnées.
Nous remercions M. Jean-Claude GAQUIÈRE pour cette publication.