mercredi 25 octobre 2017

2017-10-25 - CLAREBOUT - WARNETON - Les ouvriers refusent de reprendre le travail

NORD-éclair - les-salaries-de-clarebout-refusent-de-reprendre-le-travail-apres-la-mort-d-un

Les visages sont tendus, les sourires figés. Devant l’usine de frites surgelées, ce mercredi matin, les camions rentrent difficilement sur le site et ceux qui en repartent sont vides. Après l’accident de travail qui a coûté la vie à Rachid, mardi après-midi, ses collègues ont arrêté le travail. «  L’équipe de nuit n’a pas voulu bosser et ce matin, dès 6 h, on n’a pas voulu non plus  », confie un salarié. À ses côtés, sur le parking, ils sont bien une centaine, réunis en petits groupes, à parler, encore et encore, du drame survenu dans l’usine. «  On ne peut pas ne rien faire, par respect pour notre collègue. Il faut qu’on leur montre qu’on n’est pas qu’un numéro », confie l’un d’entre eux.

La file des camions s’allonge sur le parking devant l’usine : plus aucun camion n’est chargé ou déchargé.

Tous sont du service logistique, qui charge et décharge les camions, «  sans nous, plus rien ne rentre ni ne sort  ».
« Hier, quelqu’un lui a demandé d’aller enlever un carton alors que le monte-charge n’était pas à l’arrêt. Il est mort pour ça, pour un carton »
Ils sont nombreux à avoir connu Rachid, l’ouvrier décédé mardi. «  Hier, on s’est encore dit bonjour et aujourd’hui, il n’est plus là. Il venait de signer son embauche, un CDI  », soupire un de ses collègues. «  Il avait toujours le sourire, même en venant travailler. Toujours serviable. Hier, quelqu’un lui a demandé d’aller enlever un carton alors que le monte-charge n’était pas à l’arrêt. Il est mort pour ça, pour un carton  », ajoute un autre.

Réunions avec la direction

Depuis ce mercredi matin, les réunions s’enchaînent avec la direction et en présence de syndicats. «  On leur dit tout ce qui ne va pas, les points noirs et urgents à régler. Mais ce sont des choses qu’on avait déjà dites avant et rien n’a changé, rien ne bouge  », soupire un jeune homme. «  Tout ce que la direction veut savoir, c’est quand on va reprendre le travail et nous, on ne le fera pas sans garanties, sinon, ce serait leur donner raison  », assure un de ses collègues. «  On a besoin de travailler, mais il faut que les problèmes soient réglés  », ajoute-t-il. Les salariés repartent, appelés par la direction à laTABLE des négociations. Des salariés qui, vers 11 h 30, avaient l’intention d’attendre l’équipe de l’après-midi, à 14 h, pour faire le point et décider de la suite du mouvement.
IMG_8728

Une enquête en cours

Ce mercredi matin, par téléphone, un autre salarié avait aussi témoigné. L’homme souhaite rester anonyme. «  Ici c’est l’omerta qui règne. Nous sommes un bon 200 personnes dehors, sur le parking de l’usine.  »
« Là, on ne bloque pas l’entreprise, on laisse entrer les camions, mais il n’y a personne pour décharger les palettes. »
Depuis la mort du Wattrelosien de 42 ans, père de famille mardi vers 16h, l’usine s’est arrêtée. Et ce mercredi matin, les ouvriers refusent de reprendre le travail. « Quand on est venus à 6 h, l’équipe de nuit était là, mais elle n’avait pas travaillé du tout. Là, on ne bloque pas l’entreprise, on laisse entrer les camions, mais il n’y a personne pour décharger les palettes. La direction nous a proposé 150 % en plus si on reprenait le travail, mais personne n’a accepté.  »

La victime était cariste et venait de signer un CDI chez Clarebout. Il est mort, coincé sous un ascenseur qui sert à monter les palettes. Un de ses collègues caristes évoquait ce mercredi matin l’état des chariots. «  Quand on va auFRIGO il faut plus d’un mètre pour freiner tellement ça glisse…  » Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances du drame.

Aucun commentaire: